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Actualités / #News / 06 Mars 2017
D’abord le profil, ensuite le projet
«Pour évaluer le potentiel de réussite d’un projet entrepreneurial j’accorde une extrême importance au profil de son promoteur : sa personnalité, ses connaissances, son mental, son background et son réseau. L’adéquation entre l’entrepreneur et son projet est donc primordiale. Il est temps de commencer par admettre qu’il y a ceux qui sont capables de se lancer en affaires et d’autres qui ne sont pas encore prêts et outillés pour cette aventure. Entreprendre n’est pas pour tout le monde ! Un jeune et brillant chercheur en mathématiques, citadin, sans connaissances particulières du monde agricole et sans liens avec le secteur rural aura du mal à percer en dépit de la faisabilité de son projet agraire. Par contre, un autre jeune, sans diplômes et issu du milieu agricole aurait plus de chances pour réussir ce même projet. Les études universitaires ne sont pas toujours déterminantes pour évaluer le potentiel de succès des jeunes entrepreneurs. Cette réalité est vraie en Tunisie et ailleurs dans le monde. Inutile de lister les célèbres cas de success stories mondialement médiatisées, qui ont été lancées par des non-diplômés. Evidement, plus on diffuse la culture entrepreneuriale, meilleure sera la réussite de nos jeunes créateurs. Il est important de souligner que les mécanismes de financement en Tunisie sont globalement intéressants et que c’est grâce à de nombreux dispositifs que l’entrepreneuriat national pourra se développer dans le futur.»
Parcours du combattant
«Avoir une idée innovante ne suffit pas pour réussir en Tunisie. Même avec un concept novateur, une ambition débordante et un projet prometteur, notre jeune entrepreneur doit affronter un long parcours du combattant. Les lourdeurs administratives et le manque de flexibilité des procédures sont en train de brider nos talents. Au niveau du web, ce constat est encore plus marqué avec, de surcroit, une méfiance exagérée de l’Etat par rapport à tout ce qui est digital et nouveau. Aux Etats-Unis, la Californie a mis en place une législation spéciale qui autorise un inventeur à faire rouler ses voitures sans conducteur sur les routes de l’Etat … C’est une histoire impensable chez nous. »
Il y a encore de la place sur le web
«Je suis contre une idée reçue selon laquelle le web avait créé un environnement singulier et extrêmement capitaliste favorisant uniquement le monopole de quelques géants. L’hégémonie des multinationales a toujours existé… bien avant l’avènement des technologies de l’information. D’ailleurs, il faudrait juste se rappeler de certains groupes industriels qui gouvernent encore le monde depuis le début du siècle dernier. Ceci n’a jamais empêché les jeunes entreprises à développer leurs projets en ligne ou ailleurs. Toutefois, le marché tunisien est très limité pour donner naissance à des futurs Bezos ou Zuckerberg. Les initiatives du web local ou de proximité vont probablement réussir pour certains tunisiens mais sans l’accès au marché international, ils ne seront jamais connus. Le web est avant tout mondial et il le restera. Le second mythe à démentir concerne la particularité des stratégies des entreprises du web. Selon moi, qu’on soit sur la toile ou dans le monde réel, les fondamentaux demeurent les mêmes en dépit de certaines adaptations et quelques ajustements».
Entrevues réalisées par Lassaad Ghachem Ph.D Universitaire et consultant : Lassaad@polybeconsulting.com
Mars 2017