Interview de Aziz Mebarek, Co-fondateur AFRICINVEST, accordée à MEDIANET

Interview de Aziz Mebarek, Co-fondateur AFRICINVEST, accordée à MEDIANET

Aziz Mebarek, co-fondateur du groupe Africinvest  spécialisé dans le capital investissement, nous a accordé un entretien, à travers lequel, il a présenté les activités de ce groupe et ses projets à moyen terme. M. Mebarek a également fait le point sur l’entrepreneuriat et l’intrapreneuriat en Tunisie et la volonté stratégique d’Africinvest d’appuyer de manière institutionnelle les jeunes pousses, dans les années à venir.



AfricInvest, concept, historique et positionnement

«Africinvest est une société qui gère 18 fonds d’investissement et qui se positionne sur l’ensemble du continent africain et sur l’Europe du sud, notamment en France. Notre rôle est d’accompagner les entreprises dans les phases de création, de développement ou de transmission.

Nous avons démarré nos activités en Tunisie et nous nous sommes établis au cours des premières années suivant le démarrage au Maroc, et en Algérie, puis quelques années plus tard en Côte d’Ivoire, au Nigéria et au Kenya, et plus récemment en France, au Royaume Uni et en Egypte pour couvrir à partir de ces différents hubs l’ensemble du continent Africain et les pays d’Europe du Sud.

En fait, notre présence Panafricaine et en Europe s’est faite dans le cadre de notre stratégie d’anticiper le mouvement des entreprises partenaires au capital desquelles nous intervenons. Nous sommes présents sur les marchés naturels de ces entreprises pour mieux les aider à s’y implanter. Nos bailleurs de fonds sont des institutions financières et family offices locaux, régionaux et internationaux qui sont intéressés par la Tunisie, pas en « stand alone »mais comme faisant partie d’un bloc économique homogène qui pourrait faciliter l’accès à des marchés plus significatifs. Nous cherchons donc à développer notre activité au-delà des frontières tunisiennes, tout en gardant la Tunisie comme centre de gravité.

La Tunisie représente environ le quart de nos engagements, mais notre impact et notre valeur ajoutée apportée aux entreprises tunisiennes dépassent, de notre point de vue, largement ce pourcentage.»



Participation à MEDIANET, pourquoi ?

«Africinvest a cherché à s’associer à MEDIANET, pour plusieurs raisons, dont notamment le potentiel humain dont elle dispose. Dans notre métier, l’élément le plus important dans notre processus de prise de décision d’accompagner une entreprise, est l’élément humain. La qualité des compétences à la tête d’une PME/ETI, maximise ses chances de succès même dans un environnement complexe. Et lorsque la qualité de l’équipe est doublée d’un projet de qualité (marché, compétitivité, structuration financière..), d’une vision partagée et d’un niveau de confiance élevé avec l’équipe dirigeante, nous n’hésitons pas à nous engager.

Et c’est le cas de MEDIANET en Tunisie. »



Entrepreneuriat ou intrapreneuriat en Tunisie, état des lieux

«L’environnement entrepreneurial des start-ups en Tunisie est en amélioration et peut se comparer favorablement à d’autres marchés proches.

En effet, plusieurs jeunes sont portés aujourd’hui à s’engager sur la voie de l’entrepreneuriat et sont encouragés par un écosystème en train de se mettre en place avec des co-working spaces, des incubateurs et des projets de fonds qui pourraient s’intéresser à ces jeunes pousses.

L’environnement entrepreneurial reste toujours perfectible et nous avons l’intime conviction qu’il faut toujours faire plus à travers des politiques publiques volontaristes, au niveau de l’éducation (primaire et secondaire), de l’enseignement supérieur, de la recherche appliquée, des ponts institutionnels entre l’université et le secteur privé, de la formation professionnelle, de la simplification du cadre réglementaire et des procédures administratives, de l’accès au financement que ce soit en fonds propres ou en crédit et également de l’accès au marché et notamment aux premières commandes.

La définition de l’intrapreunariat est large. L’objectif est de créer un milieu et des conditions qui permettent à des cadres de haut niveau d’entreprendre au sein de l’entreprise en alignant l’intérêt de l’intrapreneur avec ceux de cette dernière. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de créer une société, pour son propre compte, mais l’idée est plutôt de créer une nouvelle dynamique, comme par exemple, enregistrer des brevets pour le compte de l’entreprise et avec tous les effets induits bénéfiques à l’entreprise et logiquement à ses cadres. Il s’agit donc d’innover, de transformer, de croitre et en définitive, d’apporter de la valeur au sein de l’entreprise à laquelle nous apportons notre concours.

Cela pourrait (et devrait) permettre à l’intrapreneur de passer d’un statut de salarié au statut d’entrepreneur au sein de son entreprise à travers des mécanismes de stock-options ou d’accès à la détention d’une part dans le capital de sa société à des conditions favorables.»



Les jeunes diplômés chômeurs, un vivier de compétences 

«Notre pays compte quelques 250 000 diplômés chômeurs et ma conviction est que cela constitue une chance pour la Tunisie. Ils ont tous de l’énergie et un potentiel qui pourrait s’exprimer de manière positive, sauf qu’ils n’ont pas trouvé des opportunités qui permettent à leur talent de s’exprimer. Alors, notre devoir à tous, est de fertiliser ce potentiel qui réside dans chacun de nos enfants et de fournir un environnement qui aide à développer les qualités de ces jeunes et notamment dans le domaine entrepreneurial.

Dans ce contexte, la démarche de MEDIANET pour promouvoir l’intrapreneuriat mais également l’entrepreneuriat externe à ses activités historiques, me semble bonne pour les jeunes qu’elle accompagne et également bénéfique à son propre développement.

Gardons donc une dose raisonnable d’optimisme pour avancer et relativiser les contingences et les échecs (qui font partie de notre vie à tous) pour en faire un marchepied pour la réussite, toujours à portée de main. Continuons à croire en notre rêve commun de voir notre Tunisie réussir ce pari d’offrir une vie décente et épanouie à tous.»

 

Africinvest, quels outils et quelles perspectives ?

«Notre activité est présente sur quatre segments :

• Les entreprises en démarrage pour des investissements allant jusqu’à l’équivalent de 6 millions de dinars par opération Ce segment ne concerne que la Tunisie et le Maroc ;

• Les entreprises de taille intermédiaire, pour des opérations de développement ou de transmission et sur des tickets variant entre (l’équivalent dans les différentes monnaies locales des pays couverts) 10 et 30 millions d’Euros ;

• Le secteur financier ;

• Et enfin nos fonds ciblant des entreprises européennes cherchant à développer leur activité en Tunisie ou en Afrique.

Par contre, Africinvest ne dispose toujours pas de fonds spécialisés dans les technologies ; ce qui ne nous a pas empêchés d’investir dans les TIC à travers nos fonds généralistes.

Dans le cadre de nos activités RSE, nous sommes actuellement en cours de création d’un réseau d’incubateurs pouvant accompagner les jeunes pousses à valeur ajoutée notamment dans le digital.

Nous sommes également en train de lever un fonds « Venture » couvrant la Tunisie et l’Afrique géré par une équipe expérimentée ayant une exposition internationale notamment dans le digital.»

Propos recueillis par Dorra Megdiche

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